Conférence d’Arthur Dénouveaux le vendredi 15 novembre 2024
Le vendredi 15 novembre, l’ensemble des élèves de terminale générale et des étudiants de BTS (1ET) ont eu la chance de rencontrer Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l’association de victimes Life for Paris.
Cette conférence avait été proposée par M. Régis de Jorna, ancien président de la cour d’assises de Paris avec lequel le lycée travaille depuis plusieurs mois.
Arthur Dénouveaux a tout d’abord rapidement évoqué sa soirée au Bataclan, le vendredi 13 novembre 2015, dont il a pu sortir sans blessure physique. Il a ensuite insisté sur le statut de victime et l’importance du procès V13 qui a jugé 20 accusés pendant 10 mois de septembre 2021 à juin 2022.
Il a également longuement répondu aux nombreuses questions des élèves, en leur indiquant qu’« aucune question n’est taboue ».
A Saint-Denis, sur les terrasses des Xe et XIe arrondissements puis au Bataclan, 130 personnes ont été tuées par trois commandos de terroristes. Depuis, trois se sont suicidées.
Un moment de bascule
Arthur Dénouveaux a expliqué aux élèves que le terrorisme est un « moment de bascule ». Il a ainsi réalisé que « l’Histoire venait d’entrer dans ma petite histoire » et qu’au départ il ne savait pas ce qu’il pouvait en faire. Il a aussi évoqué la culpabilité du survivant qui l’a poussé à « faire plus pour les autres ».
Il a insisté sur l’importance de se regrouper dans une association telle que Life for Paris pour échanger, se soutenir (y compris dans le difficile parcours administratif) et préparer le procès V13. Reprenant la phrase de Jean-Louis Périès, le magistrat qui l’a présidé : « C’est un procès hors-norme fait dans la norme », il a souligné l’importance pour les parties civiles de « déposer » à la barre pour « décharger notre sac ».
Dix longs mois de procès
Il a évoqué les dix longs mois de procès marqués par des moments d’intense émotion, particulièrement lors des témoignages des parties civiles, mais aussi d’ennui profond lors de certaines phases, ainsi que sa rencontre avec les accusés présents dans le box qu’il ne considère pas comme des « monstres » mais comme des « êtres humains ». Pour lui, « le terrorisme est un croque-mitaine qui transforme notre droit » mais le procès V13 a, au contraire, permis d’affirmer l’Etat de droit et de montrer « la solidité de notre justice ».
Il a rappelé que son association serait dissoute le 15 novembre 2025, soit 10 ans après les attentats car « la victimité peut être enfermante ». Pour lui, Life for Paris a été créée pour être « une béquille pour aller mieux » et maintenant, il souhaite dire « j’ai été victime et non je suis victime ». La mémoire collective doit donc prendre le relais et il a évoqué deux projets en cours : le jardin mémoriel de la place Saint-Gervais à Paris qui sera en 2025 le lieu de recueillement à la mémoire des victimes du 13 novembre 2015 , ainsi que le Musée Mémorial du terrorisme qui doit ouvrir en 2027 à Suresnes, à proximité du Mont-Valérien.
« Déléguer son envie de vengeance à la justice »
Un élève lui a demandé s’il pardonnait aux terroristes, ce à quoi il a répondu qu’il était parvenu à « déléguer son envie de vengeance à la justice ». Il a aussi évoqué les traumatismes subis tels que le manque de sommeil, les crises de panique ou encore la difficulté à entendre le bruit d’un feu d’artifice.
Cet échange a été un temps fort pour nos élèves et étudiants, comme pour les adultes présents. L’ensemble des participants remercie chaleureusement Arthur Dénouveaux pour la richesse de son intervention, ainsi que M. de Jorna qui nous a permis cette belle rencontre.
F. PORQUET